samedi 24 janvier 2009

Le royaume des masques.

Le musée d'Orsay organise, jusqu'au 1er février, une exposition sur le renouveau du masque au XIXe siècle. Le masque, cet objet qui transforme la face du celui qui la porte, vient de l?antiquité en passant par le Moyen Âge. Il servait à renverser les rôles dans les carnavals et les fêtes de l'époque. Il connaîtra ses heures sombres vers la première moitié du XVIIIe siècle, moment où il subira des nombreuses attaques de part de l'Église.
Se déguiser, dissimuler nos intentions derrière le masque, tracer un sourire quand il y a des larmes, montrer la sérénité pendant que l'orage se déchaîne a l'intérieur: le masque peut-être un moyen de défense dans un milieu hostile. Puisque esquisser l'ombre d'une faiblesse dans un château qui étouffe de solitude, où les seuls êtres qui nous entourent, ce sont des vautours avides de charogne, peut s'avérer fatal. Donc, en franchissant la porte, nous enfilons notre masque particulier. On se heurte alors à un défilé de masques plus grotesques les uns que les autres. Les masques qui rient et célèbrent en fanfare la fête de l'hypocrisie.
A force de vivre derrière un masque, l'objet commence à se coller à notre peau. Il devient une autre peau. Jusqu'au moment où on ne sait plus qui nous regarde à travers le reflet du miroir. Est-ce que c'est le masque qui sourit?. C'est un sourire froid, mort, qui ne transmet aucun sentiment. On ne sait plus si nous sommes devenus des êtres gris et si cette horrible grimace nous appartient. Ou si c'est tout simplement un masque, que nous pouvons enlever à tout moment.
Parfois je voudrais avoir un masque en béton. Couvrir ma gueule avec le même matériel qui couvre les murs. Devenir une part de plus sur le fond gris. Disparaître derrière le paysage. Disparaître, la victoire ultime des tenants de cet antre où la solitude règne en maîtresse absolue. Et au milieu de nulle part et au centre du tout, moi et mon masque.

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